Les fantômes du musée
Cette période de travaux d’accessibilité et de rénovation du musée est une magnifique occasion de vous faire découvrir des pépites photographiques montrant le bâtiment du musée, issues des fonds anciens des Archives municipales de Lyon et de la Bibliothèque municipale de Lyon.
L’invention de la photographie au 19e siècle engendre un nouveau monde d’images. Dès ses débuts puis tout au long de ses développements techniques, son potentiel documentaire est utilisé pour cartographier rues et bâtiments dans des villes alors en pleine transformation.
C’est le cas de l’Hôtel de la Couronne, bâtiment Renaissance qui abrite notre musée, qui fut maintes fois photographié par le passé pour son importance historique.
Sur ces clichés, apparaissent souvent des silhouettes fugitives, en flou de bougé, comme des fantômes de passant·es, ou bien nettes mais comme cachées malicieusement, accueillies dans l’image parce qu’elles ne gênent pas le sujet central patrimonial.
Pour cette série, nous n’avons pas résisté à jouer au jeu photographique du « avant-après » pour constater l’im-permanence du temps !
Aujourd’hui, laissons libre court à notre regard pour redonner à ces figures fantomatiques et énigmatiques une place centrale. Nous vous laissons le plaisir de leur donner une épaisseur narrative, de leur inventer des histoires, et de les faire dialoguer avec nos sujets contemporains.
➵ Empruntons tout d’abord la rue de la Poulaillerie, depuis la rue Edouard Herriot. L’entrée du bâtiment qui nous concerne se fera à gauche au niveau du portail...
... et n’oublions pas que c’est le moment de voir le « célèbre acrobate comique Manetti du cirque Ancillotti Plège » !
« Mur d’affiches rue de la Poulaillerie »
1926
Original négatif sur verre 18x24 cm
Fonds photographique Jules Sylvestre (1859-1936)
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
➵ Dites un petit bonjour aux dames accoudées au premier étage !
Détail de la photo
« Mur d’affiches rue de la Poulaillerie »
1926
Original négatif sur verre 18x24 cm
Fonds photographique Jules Sylvestre (1859-1936)
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
➵ Cette vue ancienne de la fin des années 1920 montre qu’on ne soupçonne souvent pas la diversité des anciens usages d’un même bâtiment.
« Porche de l’hôtel de la Couronne »
Non daté (fin des années 1920 ?)
Original négatif sur verre 27 x 21 cm
Fonds photographique Jules Sylvestre (1859-1936)
septembre 2025.
Photographie numérique Noir et Blanc
C’est bien ce même portail pris en photo aujourd’hui, où l’on y voit clairement certaines modifications et restaurations réalisées (notamment au niveau des piédroits, puis de la création des vantaux en ferronnerie d’art) , qui est classé au titre des Monuments Historiques depuis l’arrêté du 23 septembre 1964. Cet arrêté précise que ce classement vaut uniquement pour « le portail sur rue et la galerie voûtée au rez-de-chaussée qui y fait suite ; l'escalier à vis situé à l'extrémité de cette galerie ; les façades sur cour (cad. H 648, 648bis ) ».
➵ Empruntons maintenant la galerie voûtée du 15e siècle ! Celle-ci constitue également une traboule qui traverse les corps de bâtiment menant jusqu’à la rue des Forces.
Détail
« Porche de l’hôtel de la Couronne »
Non daté (fin des années 1920 ?)
Original négatif sur verre 27 x 21 cm
Fonds photographique Jules Sylvestre (1859-1936)
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
➵ Passons par la galerie gothique en voûtes à nervures pour rencontrer notre marchand de vernis !
Emile Poix
Original sur plaque de verre au gélatino-bromure
Vers 1910
Fonds Edmond Perrert et Emile Poix
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
Qui ne connaît pas Viollet le Duc, cet architecte star du 19e siècle en France, passionné par le Moyen Âge, dessinateur d’exception ? C’est lui qui restaura un grand nombre de monuments, notamment la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il était célèbre pour restaurer un bâtiment en un état qui pouvait n’avoir jamais existé à un moment donné !
En comparant les deux vues, on constate que cette tendance a bien perduré jusqu’au 20e siècle. Une première campagne de restauration entre 1957 et 1963 est réalisée, durant laquelle, notamment, de nouvelles ouvertures « à la manière de la Renaissance » sont créées. On voit bien ici sur l’image le remplacement des devantures de commerce en bois par une baie géminée ainsi qu’une porte à arc surbaissée, qui reprennent le style des baies originelles existantes.
Ces ajouts ne sont donc pas d’origine, l’objectif pour l’architecte était néanmoins intéressant dans la mesure où il voulait redonner au bâtiment un aspect d’ensemble bien mis en valeur, au moment de l’ouverture du musée au public en 1964, ainsi qu’offrir aux visiteurs et visiteuses un parcours de visite adapté.
➵ Avançons un peu dans la traboule et retournons-nous !
Sans Titre
Georges Vermard, photographe
1er octobre 1967
Original négatif 6 x 6 cm
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
Un lieu de discussions parfois...
➵ ... où les mots résonnent dans la cour.
Sans Titre
Non daté
Tirage N&B 15x20 cm
fonds Lyon Figaro (1986-2006)
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
➵ Amusons-nous, à la manière de Georges Perec dans son fabuleux livre La vie, mode d’emploi à inventer mille et une vies dans ce bâtiment ! Où toute ressemblance avec des individu·es vivant·es ou ayant réellement ou fictivement existé ne serait-elle être que coïncidence ?
Sans titre
Non daté (fin des années 1920 ?)
Original négatif sur verre 24 x 18 cm
Fonds photographique Jules Sylvestre (1859-1936)
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
Sans titre
Non daté (fin des années 1920 ?)
Original négatif sur verre 24 x 18 cm
Fonds photographique Jules Sylvestre (1859-1936)
septembre 2025.
Photographie numérique noir et blanc
Textes : Philippe Weiss