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musée de l'imprimerie et de la communication graphique musée de l'imprimerie et de la communication graphique
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Groupes scolaires

AVEC GERARD PARIS-CLAVEL

Inventons le présent

Les images sont vivantes. Elles débordent du cadre, se découpent, coulent et entrent dans nos regards comme des étincelles. Il ne s’agit surtout pas de les enfermer, de les mettre en cage en les labellisant, les remettant droites ou les emmenant là où on voudrait les exposer. Cette vie intime et circulaire des images, toujours en mouvement, est au cœur de la démarche de Gérard Paris-Clavel. De l’atelier à l’imprimerie, de la rue à l’esprit, cette envie du graphiste de jouer avec les lettres, d’aligner l’imprévu en grand et en beau devient sa marque de fabrique, son secret de cuisine. À Lyon, l’exposition démarre dans la rue. Quatre affiches sont ainsi disséminées aux arrêts de tram et de métro, des grands formats qui interpellent le passant, l’interrogent sur des questions de société, mais sans apporter de réponse, ni donner d’indice. Pour en obtenir, il faut s’approcher du musée, entrer et se plonger dans l’univers de Gérard Paris-Clavel.

Pourquoi Gérard Paris-Clavel au musée ? Au musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique, il s’agira de mettre en commun les pratiques du graphiste et de l’imprimeur. « L’original c’est le multiple » déclare Gérard Paris-Clavel. Dans les métiers de la chaîne graphique, il est nécessaire d’être confronté aux différentes techniques de reproduction avec les artisans fabricants. Le musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique a acquis du graphiste, en 2017, 76 affiches (la plupart en sérigraphie, mais aussi offset et numérique) réalisées entre 1989 et 2014.

Parcours d'un artisan militant

Né le 2 octobre 1943 à Paris, Gérard Paris-Clavel est diplômé des Métiers d’Arts, en passant par l’atelier d’Henryk Tomaszewski (1914-2005), aux Beaux-Arts de Varsovie. Il est également diplômé de l’Institut de l’Environnement. Son travail de graphiste s’organise avec les autres, il fonde et participe toute sa carrière à des collectifs.

Période Grapus (1970-1990)

Le groupe est fondé en 1970 par Gérard Paris-Clavel, Pierre Bernard et François Miehe, rejoints par Jean-Paul Bachollet et Alex Jordan. Grapus a essayé de construire, durant vingt ans, une pratique responsable du graphisme en luttant pour la paix, la culture contre tous les impérialistes. Le groupe a accueilli durant cette période une centaine de graphistes, d’étudiants et de stagiaires. Son originalité a été d’élaborer systématiquement les images en commun et de revendiquer une signature collective. Grapus a reçu de très nombreuses distinctions nationales et internationales. En 1991, ses membres reçoivent le Grand Prix national des arts graphiques.

Période Graphistes associés (1989-1992)

Fondé en 1989 par Gérard Paris-Clavel et Vincent Perrottet, les Graphistes associés représentent l’un des trois ateliers issus du groupe Grapus. Gérard Paris-Clavel y travaille jusqu’en 1992. C’est durant ces années qu’a été créée l’association Ne pas plier. 

Logo du Secours populaire, utilisé par l’association depuis 1982
Logo du Secours populaire, utilisé par l’association depuis 1982

Association Ne pas plier (1991 à aujourd’hui)

L’association Ne pas plier regroupe de drôles de citoyens organisés, pour qu’aux signes de la misère ne vienne s’ajouter la misère des signes. Association politique, utopique et esthétique d’éducation populaire. Ne pas plier met en œuvre mots et images, paroles et pensées, pour agir sur le terrain des luttes sociales. L’association Ne pas plier croise de nombreuses expériences professionnelles et humaines. Elle est animée actuellement par : Jérôme Bourdieu, économiste, Isabel de Bary, chef de projet, Bruno Lavaux, expert-comptable, Thomas Lemahieu, journaliste, Gérard Paris-Clavel, graphiste, Gilles Paté, artiste plasticien, Franck Poupeau, sociologue.

Graphiste social et artiste vivant (1992 à aujourd’hui)

Dans son atelier d’Ivry-sur-Seine qu’il nomme depuis 2012 « l’Atelier du Bonjour », le croisement de son travail d’artisan de commande, de sa pratique artistique et de son activité militante nourrit une recherche des formes et l’inscrit dans une pratique sociale plurielle. La difficulté des luttes sociales en France, la transformation des commandes publiques le conduisent à radicaliser sa pratique. Grâce à l’association Ne pas plier, ses images sont accompagnées et partagées au sein du conflit social dans l’espace public et la ville.

Ma ville est un monde, sérigraphie 2 couleurs par Marc Mellinger, 1993
Ma ville est un monde, sérigraphie 2 couleurs par Marc Mellinger, 1993

Premiers pas dans l'exposition

Des panneaux de signalisation directionnels et informatifs sur le cosmos, la Signalétique Cosmique, invitent le visiteur à avancer dans le musée et à entrer dans l’espace d’exposition temporaire. « C’est à partir de l’espace du quotidien et de ses signes de proximité que l’on peut le mieux percevoir l’immensité de l’espace cosmique et de ses composantes ».

J’ai cueilli pour vous, offset quadrichromie et tirage numérique, 2011
J’ai cueilli pour vous, offset quadrichromie et tirage numérique, 2011
Money world, sérigraphie quadrichromie, 1989
Money world, sérigraphie quadrichromie, 1989

Le métier et le savoir-faire

Être graphiste est le métier de Gérard Paris-Clavel, son outil d’expression. Son parcours esthétique et politique croise de nombreux sujets : sociétaux et politiques. Ils se construisent avec des milieux aussi bien institutionnels qu’associatifs à travers une diversité d’expressions. Exigeant, perfectionniste, généreux, déclamatoire et jubilatoire, il joue avec les lettres, les mots, la photographie, le dessin, la peinture, cherchant et renouvelant sans cesse ses propres codes. Le rassemblement de ses vocabulaires visuels crée une grammaire d’images nourrie par une longue histoire faite d’interventions dans l’espace public. Il s’agit ici de présenter son travail d’artisan et d’artiste mais aussi sa pratique sociale comme un art de vivre.

Avec le lycée Tony Garnier

Cette question du métier est abordée à travers la présentation d’un projet réalisé avec les professeurs et les élèves de CAP du bâtiment du Lycée des Métiers du Bâtiment et Travaux publics Tony Garnier (Bron). Le défi consistait, en parlant des mots du métier et du jeu sur le langage, à réfléchir sur son métier et sur la place qu’on pouvait en tant qu’homme lui attribuer dans sa vie, dans son rapport au monde et dans son rapport aux autres.

Dans un premier temps on a répertorié tout le lexique du métier pour le domestiquer, le conquérir. Il fallait nommer les matériaux, les outils, les actes pour les faire exister, les comprendre et donc se les approprier. Comment concevoir ce qui n’est pas nommé et identifié ?

Dans un deuxième temps, comme on maîtrisait mieux la signification de tous ces mots, on a pu se permettre de jouer avec eux et ainsi de créer à partir de cet environnement connu une autre réalité, un autre monde. Mais comme l’artisan dans son atelier qui imagine, cherche, tâtonne pour trouver une idée d’objet à concevoir, on a réfléchi, hésité, tergiversé pour évoquer son métier autrement. On les a donc mélangés, on les a broyés, dosés, malaxés pour en faire un nouveau matériau qu’on a utilisé, écouté, façonné pour faire surgir une autre forme, un autre sens imprévisible, inattendu. Pendant qu’en atelier, on se servait de la truelle, du trusquin, du chalumeau ou du pinceau pour réaliser son chef-d’œuvre, en français et en arts appliqués, on utilisait le mot, la phrase, le son, les formes, les couleurs pour parler de son métier de façon décalée, poétique.

Écrire c’était aussi comme fabriquer, cela nécessite de la réflexion, du travail, de la précision, beaucoup de patience et une grande satisfaction quand c’est achevé.

Joëlle Oraison Rachidi, professeur de Lettres histoire

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Vue de l'exposition Gérard Paris-Clavel
Lettres en bois, métal et carrelage, réalisées par les élèves du lycée Tony Garnier de Bron, 2020 © S.Lowicki / MICG – Tous droits réservés 

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La naissance des images

Comment naissent les images et quelles sont les conditions de leur production ? Cela peut être un même sujet avec des commanditaires différents et des traitements graphiques multiples ; ou une auto-commande, car l’actualité l’impose ; ou encore, quand on ne demande plus rien à l’artisan graphiste et qu’il doit prendre l’autonomie de l’image et de sa diffusion pour proposer de nouvelles formes. À chaque fois le parcours de l’image se prolonge au gré des rencontres et des sujets et s’adapte aux formats et aux techniques.

Tirage d'affiche chez l'imprimeur Lézard-GraphiqueFabrication des affiches chez l'imprimeur Lézard graphique​​​​​​​

Nous vous souhaitons beaucoup d’émotions à la découverte de ce graphisme d’utilité publique, unique et caméléon, à la hauteur de nos espoirs.
Belle manifestation d’images à toutes et à tous !